Interview de Bernard Perrichon
Interview de Bernard Perrichon : ambiance salon, coin du feu avec un petit café au miel J
Quid de Bernard Perrichon?
Je vis à Dormelles depuis 1990. Je suis natif de Seine et Loing (Veneux Les Sablons)
J’aime la nature, la montagne, les en dehors des sentiers.
Je travaillais dans le domaine médical, avec tout ce que cela implique, l’attention à l’autre, les soins, la protection.
J’avais un oncle qui avait des ruches sur Morêt, comme beaucoup de monde à cette époque…..
Avec l’apiculture, ce qui m’intéressait, c’était le coté de l’élevage. Je cherchais une activité qui me prolongerait au-delà d’une activité professionnelle.
Les personnes sont ambivalentes, elles veulent, ne veulent pas, ne veulent plus. Notre société s s’urbanise de plus en plus, il y a une pensée de plus en plus urbaine avec un lien social qui s’éloigne de plus en plus de la nature. Il y a une rationalité dans les actes et dans le même temps se développe un mode animiste des croyances. Nous sommes dans un monde qui recherche le nombre, le chiffre, qui veut en mettre plein les yeux.
Pour moi les abeilles, ne sont pas ambivalentes. La nature ne demande rien, mais elle nous contraint à nous adapter, c’est ce qui me plait.
Pas besoin d’être professionnel pour avoir des ruches .J’ai fait le choix de me limiter à en posséder une 50aine de manière à avoir une attitude imprégnée de professionnalisme.
Je tire ce modèle d’un homme qui a maintenant 94 ans, avec qui je partage des valeurs intellectuelles et personnelles. Nous avons certaines pratiques, nous ne prenons pas celles des professionnels. Je ne veux pas être une entreprise, je veux juste être un artisan. Je me situe plus comme un travailleur indépendant qui a une passion. Je veux conserver mon âme.
Quid des abeilles :
Le monde parle d’insectes domestiques mais les abeilles restent des animaux très sauvages.
Elles sont mystérieuses pour les humains. Leur survie est en partie due à un système défensif qui a fait ses preuves depuis plus de 60 millions d’années, oui elles piquent. Elles ne sont pas accessibles, elles fonctionnent en interaction avec le monde extérieur, les fleurs, les arbres et les animaux tels que les pucerons.
Ce qui me tient à cœur, c’est d’observer la nature, d’évaluer le potentiel nourricier pour les abeilles.
J’élève ces dernières mais j’aime tous les insectes, ils m’intéressent. Nous avons sous les yeux des animaux préhistoriques … Les abeilles ça attire et ça fait peur, c’est tout le potentiel de l’animiste. Notre monde a une phobie pour ces animaux, ce sont pour lui « des grosses bêtes ».
Le festival est en pleine saison, les abeilles fichent le camp, elles essaiment pour se multiplier afin d’assurer leur survie donc à cette période du solstice je compte mon temps, je les surveille et je me dois d’être présent si nous voulons du miel. Mon activité est exténuante à cette époque-là, les journées sont les plus longues de l’année, les nuits les plus courtes…
Je pense pouvoir parler des abeilles de façon rationnelle, tout en laissant la place à l’imaginaire, rendez-vous compte des traces symboliques inscrites par les différentes civilisations.
Je sais combien cela apporte aux enfants et aux adultes.
Ils me parlent de la représentation qu’ils ont des abeilles, de leur monde, et de la nature.
Bien souvent, en présence de leurs parents je donne la parole aux enfants, je leur laisse la possibilité de faire le récit de ce qu’ils voient, de ce qu’ils ressentent.
Il était important pour moi de présenter, durant le festival des féeries du Bocage, l’apiculture à ma sauce, avec cette place à la verbalisation des sentiments.
Qu’avez-vous ressenti lors de la 4ème édition du festival des féeries du bocage ?
L’année dernière c’était ma première édition. J’ai voulu y participer car cela se déroulait dans mon village que je vois évoluer au fil des ans, et votre festival allait le fait vivre.
Je « découvrais » ce monde, votre monde. Je ne connaissais pas vraiment le contenu, je ne savais pas si j’allais pouvoir m’y retrouver, et après je me suis dit de toute façon on verra bien.
J’avais quelques aprioris, je pensais que votre Festival était mercantile, mais il ne l’est pas. Il y a une certaine exigence, dans vos choix d’artisans, d’auteurs et illustrateurs et d’intervenants.
L’année dernière, vous m’aviez mis à cote d’Akka (voir interview plus bas ;). On a discuté, et j’ai vraiment senti qu’il était intègre, connaisseur et passionné.
J’ai aussi pu faire la connaissance d’un scribe, j’ai découvert son parcours. Puis j’ai fait le tour du site et j’y ai rencontré des artisans qui ont la valeur de l’artisanat, qui ressentent les choses.
Cela m’a rappelé l’époque où le Maire de Dormelles, Francis Largillière, organisait son marché d’antan. Il y mettait toute son énergie, c’était une démarche gratuite d’une mise en scène personnelle, non mercantile. Quelque part, ce qu’il proposait, touchait l’animation interne des personnes, c’est en cela que le public rappelle cette animation villageoise.
Qu’attendez-vous cette année ? :
L’année passée, il y avait beaucoup d’espace, il faut dire qu’il y a une grande surface sur le site, j’ai eu l’impression que nous étions dilués. Donc cette année j’espère être plus regroupé.
Pour moi le thème est assez flou, je pense pouvoir m’intégrer avec mes abeilles sous vitres. Je souhaiterai que l’organisation en fasse quelque chose, que le public puisse en bénéficier, puisse interagir avec, puisse découvrir ces insectes et leur mode de vie.
Bernard Perrichon n’a pas de site internet et encore moins de Facebook mais vous pourrez faire sa connaissance lors de la 5ème édition du festival des féeries du Bocage !